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Le soldat est-allemand et le missionnaire.

 Par Patrick Manificat

 

 

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            Contrairement à celui du soldat soviétique, le comportement d’un soldat est-allemand n’avait ordinairement rien d’aléatoire. Généralement bien au courant du rôle et de l’existence des missions alliées, discipliné, organisé et capable d’initiative, il « combattait » la plupart du temps les missionnaires avec une grande détermination, même isolément. Se sachant exclu des accords d’après-guerre, il n’appréciait pas les incursions incessantes des véhicules de mission sur ses propres terrains militaires et avait la plupart du temps une réaction appropriée : il rendait compte et il agissait rapidement ! Pour lui, les pancartes d’interdiction quadrilingues étaient légales et devaient être respectées. D’une façon générale, une sentinelle NVA se montrait beaucoup plus vigilante et réactive qu’un factionnaire soviétique. En pleine ville et « derrière pancartes », s’attarder un peu trop longtemps à observer un objectif allemand  s’assimilait à une partie de roulette russe, si l’on peut dire, tant leurs réactions pouvaient être rapides et violentes

 

C’était donc avec une certaine appréhension que les équipages de la MMFL longeaient une caserne de la NVA. De même, lorsqu’il fallait croiser ou remonter un de leurs convois – ou des véhicules isolés -, les conducteurs de Missions devaient être constamment sur leur garde car les chauffeurs militaires allemands étaient prompts à tenter un blocage. Aux 200 000 soldats de la RDA, il fallait rajouter les 450 000 groupes de combat (milices ouvrières) des usines et des entreprises qui signalaient  aux autorités le passage des voitures des missions alliées.

 

 

La société de la RDA était militarisée et le conditionnement de ses habitants dès leur plus jeune âge avait provoqué ce que ses responsables appelaient pudiquement « une conscience militaire élevée ». Si l’on ajoute aux unités militaires les organisations paramilitaires, comme la société pour le sport et la technique (GST[1]) qui assurait la préparation militaire et ses 500 000 adhérents et, pourquoi pas, les deux millions de membres de la Jeunesse Allemande Libre (FDJ[2]), on arrive à un total considérable de jeunes gens motivés pour défendre les acquis supposés du socialisme. Endoctrinés et formés, dès l’école, à l’hostilité envers la République Fédérale d’Allemagne et à la  « lutte  contre l’impérialisme », ils participaient comme jeunes pionniers à des manœuvres, rencontraient des officiers et des soldats soviétiques et est-allemands, se préparaient activement à la défense civile avant leur service militaire. La FDJ organisait pour les plus grands – douze à quatorze ans – les compétitions « Hans Beimler » du nom d’un héros communiste, comportant des concours militaires ou sportifs, des examens de théorie militaire, des discussions et des lectures de récits héroïques, notamment soviétiques. La comparaison était frappante avec les anciennes Jeunesses hitlériennes et ce n’est pas sans motif que certains appelaient la FDJ par le même sigle que leurs aînés, c’est-à-dire HJ pour Honeckerjugend.

 

Bref, les casernes et les bases de la NVA devaient être abordées avec la plus grande prudence car le danger était bien réel et constant.

 

Patrick Manificat

 



[1] Gesellschaft für Sport und Technik

[2] Freie Deutsche Jugend dont Angela Merkel a été membre.

 



24/02/2020
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