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PRCE, PRCI et PO, vous connaissez ?

 

PRCE, PRCI et PO, vous connaissez ?

 

 

 

A l'époque où œuvrait notre brillante unité qu'était la MMFL, les aéronefs du bloc de l'Est utilisaient comme aide à la navigation et à l'atterrissage deux installations spécifiques : PRCE (phare-radio.contrôle.extérieur) situé à environ 4 km de l'entrée de piste et PRCI (phare-radio.contrôle.intérieur) situé à environ 1 km de la même entrée de piste. Ces deux installations se trouvaient à chacune des deux extrémités de piste, un cheminement carrossable les reliait et conduisait également à la base.

 

 

 

werneuchen.jpg

 

 Werneuchen vue d'avion.

 

Ces installations, délicates d'approche pour les observateurs "Air" car situées à proximité immédiate des terrains, étaient cependant très intéressantes à approcher et à observer car leurs occupations indiquaient qu'une activité aérienne allait très probablement se dérouler.

 

L'équipage Air, cherchait alors un P.O (point d’observation) le plus proche possible permettant une observation idéale qui, tout en assurant un minimum de sécurité offrait une, ou, si possible plusieurs possibilités de fuite (c'était un ratio à établir et le chef d'équipage prenait et assumait ensuite sa décision de "GO" ou "NO.GO".

Les observations des activités aériennes étaient longues et duraient plusieurs heures. Il fallait donc une approche et une mise en place "sioux", éviter toute rencontre, effacer les traces, se mettre à couvert, camoufler la VGL notamment pour éviter tout éclat dû au soleil, le tout en permettant un départ en urgence.

 

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à l'affut

 

Quand l'équipage trouvait un tel excellent P.O et que l'activité aérienne se déroulait ce n'était que du bonheur... mais du bonheur bercé par une vigilance extrême où tous les sens étaient en éveil.

 

Les équipages Air étaient constitués de 3 membres, un officier chef d'équipage et deux sous-officiers. Lors de l'observation, l'observateur-chauffeur, assurait la sécurité et bien que doté de jumelles à fort grossissement, il se devait d'éviter de regarder les aéronefs. Le second observateur réalisait les prises de vues avec un boîtier photographique généralement équipé d'un 1000mm de focale (Ces objectifs dits à "focale repliée" remplaçaient un outil superbe, le 640mm à focale directe, extrêmement facile d'usage mais devenant peu à peu obsolète). Le 3ème observateur (souvent le chef d'équipage) utilisait lui aussi des jumelles à fort grossissement, un boitier avec une focale de 300 ou 400mm et un magnétophone. Son rôle était de noter l'heure très précise du passage de l'avion, son numéro, son armement extérieur et tout élément particulier (particularité du camouflage, marquage distinctif, etc.). En effet chaque petit élément d'observation était important. Par exemple deux aéronefs de deux unités différentes pouvaient avoir le même numéro et c'est grâce à ces relevés de détails qu'on les différenciait.

 

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En action

 

Chaque membre d'équipage pouvait permuter son rôle en fonction notamment de sa fatigue.

Les observations étaient très longues et si tout se déroulait d'une façon nominale elle pouvait durer une journée entière. Permettant ainsi de ramener à nos deux valeureux photographes du laboratoire (qui réalisaient eux aussi, à tour de rôle, des missions opérationnelles) des .... dizaines de "bobineaux" de films à traiter parfois en urgence....gratitude à eux.

Souvent les mises en place se faisaient de nuit. On utilisait un PA (point d’attente), à peu de distance, pour "bivouaquer" en relative sécurité et permettre une mise en place au P.O, à l'aube, la plus discrète possible

 

Si tout cela paraît aisé ainsi raconté, cela représente pour chaque mission des centaines de kilomètres parcourus, des manœuvres évasives pour démasquer et déjouer toute filature par la Stasi, des heures d'approche souvent à travers forêts et pistes (avec parfois de longs moments de treuillage) et avec une attention maximale de tous les instants.

 

L'immobilité de l'équipage durant de si longues périodes accroissait terriblement le risque. Les bons PO n'étaient pas nombreux, presque identiques aux trois missions. L'adversaire, après avoir localisé la zone générale, grâce souvent à des indices locaux, se rapprochait de la zone de l'équipage et par un travail discret tentait de le localiser très précisément afin de permettre aux "opérationnels adverses" de bondir sur l'équipage.

 

Je pense que chaque observateur a connu des moments de "sueur froide" lors de ce type d'activité. Ce fut le cas pour moi où lors de mon premier séjour, malgré bien des précautions, notre équipage lors de l'une d'elles, à subi l'assaut victorieux de "l'adversaire".... belle expérience aussi, qui forge le missionnaire dans son métier. Métier qui, pour moi, impose l'humilité et en est une très bonne école.

 

 

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Dans la boite...

 

 

 

A bientôt peut-être sur le blog..?

 

 

 

Jacques Suspène

 

 

 



01/10/2019
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