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Erich MIELKE épisode 2

Rédacteur : Jacques Suspène.

 

 

Episode 2

 

 

Erich MIELKE Ministre de la Sécurité d’Etat (MfS) de 1957 à 1989 :

            « Sa haine des Missions »

 

 

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Avant-propos :

 

Cet épisode, reprend également beaucoup d’éléments des bulletins « Propousk » internes à l’AAMMFL (Amicale des Anciens de la MMFL) et/ou figurant, avec son aimable autorisation, dans le livre du Général MANIFICAT « Le Pont des espions sous l’uniforme » publié aux Editions Histoire&Collections. Immense merci aux Généraux Jean-Paul HUET et Patrick MANIFICAT pour leurs écrits.

 

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(Le chef de la Stasi salué par ses troupes à l’occasion du 35ème anniversaire de la RDA)

 

L’épisode précédent montrait la volonté d’Erich MIELKE de rechercher dans sa lutte contre les trois Missions Militaires Alliées de Potsdam (les MML) une plus grande coopération entre la Stasi et les Forces Soviétiques du GFSA (Groupe de Forces Soviétiques déployées en RDA), notamment avec les éléments du KGB et du GRU.

 

Son action a peu à peu porté ses fruits. On a pu ainsi dans les dossiers de la Stasi, découvrir une note du GFSA analysant l’activité des MML durant l’année 1978 et évaluant l’efficacité de leurs activités de renseignement. Ce document révèle que les Soviétiques avaient acquis à cette époque une connaissance très précise des méthodes et des capacités des Missions, grâce aux années de surveillance par la Stasi.

 

Comme le précise le Général HUET (Ancien Chef des Opérations AIR puis Chef de la MMFL) dans un bulletin interne : …« Et, je dirais surtout, grâce aux saisies des documents et des matériels dans les voitures des missionnaires des trois MML lors de divers « incidents ». Je suis convaincu que plus d’un missionnaire à l’époque des faits, sans doute moi le premier, en aurait été probablement fort étonné s’il avait pu prendre connaissance de ce document en 1978).

 

 

 

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(Tableaux de chasse présentés dans des dossiers de la Stasi. Appareils photos, cameras, jumelles jour et nuit, scanners et…cartes opérationnelles annotées. Aucun équipement de « technologie sensible » n’était embarqué par les différents équipages des trois MML Alliées. Photos issues du livre du Général MANIFICAT.)

 

 

Ainsi, le GFSA avait une conscience claire des priorités de recherche que les Missions avaient reçues de leurs commandements respectifs ainsi que des limitations que ceux-ci pouvaient mettre à leur liberté d’action (en particulier au sujet des pénétrations en ZIP) avec plus ou moins de souplesse selon chaque nation. Il s’agissait bien pour les Missions de la prévention d’une action soviétique lancée par surprise vers l’Ouest (ou vers Berlin), par la recherche des indices d’alerte en fonction de la situation internationale, ou des exercices majeurs à l’Est comme à l’Ouest de l’Allemagne, ceux-ci pouvant masquer les préparatifs d’une opération offensive réelle. Le document décrit avec justesse les méthodes utilisées par les Missions pour reconstituer l’ordre de bataille du GFSA, y compris pour les aviateurs avec l’emploi de moyens d’écoute.

 

Dans ce document du GFSA du 1er Mars 1978 on peut notamment y lire :

 

Les services de renseignement de l’OTAN s’efforcent, par le biais des missions militaires de liaison (MML) accréditées auprès du Haut commandement soviétique, de recueillir le maximum d’informations sur les troupes du Pacte de Varsovie en général et sur les unités du GFSA et de la NVA.

 

L’organisation des unités, leur formation et leur capacité opérationnelle ont fait l’objet d’une attention particulière des services adverses.

 

1978 s’est aussi traduit pour les Missions par une amélioration de leurs équipements et un renforcement de leurs mesures de sécurité pendant les reconnaissances.

 

Les membres des Missions cherchent à découvrir : les indices d’alerte et le dispositif du GFSA après déploiement en assurant une observation permanente et détaillée des garnisons, des centres de formation et des lieux de rassemblement du GFSA ainsi que les structures des unités, leur armement et leur équipement, le niveau de leur instruction et de leur coopération avec la NVA.

 

Ils reconnaissent également les aérodromes et les sites de défense aérienne, suivent attentivement les exercices d’alerte, les sites de missiles et les dépôts d’armes, ainsi que les pistes tactiques reliant les garnisons des unités. Ils observent les mouvements sur voies ferrées et les convois routiers ainsi que les ports. Ils surveillent de près les déplacements des unités à proximité de la frontière de la RFA. Ils étudient le terrain en vue du combat et mettent à jour leurs cartes. Ils sélectionnent les objectifs possibles de diversion sur les axes d’attaque et les recours à un éventuel espionnage. Ils se livrent à des activités de guerre électronique à proximité des objectifs les plus secrets du GFSA  … ….

 

Ils se sont intéressés de très près aux convois de véhicules PC, aux avions et aux hélicoptères de liaison, s’arrêtant pour évaluer les effectifs des troupes participant aux exercices. Leur tactique de reconnaissance pour évaluer les indices d’une attaque surprise est allée jusqu’aux pénétrations dans les zones interdites permanentes.

 

Les services secrets de l’adversaire s’attachent particulièrement aux changements de dispositif des unités en cas d’alerte, aux concentrations inhabituelles de troupes en ZIP et en ZIT, aux mouvements militaires routiers et ferroviaires en direction de la frontière de la RFA, aux relèves de personnels, aux restrictions de circulation imposées aux MML. Dès qu’une activité importante est décelée au GFSA par les MML, les patrouilles augmentent en fréquence et en durée, pouvant atteindre jusqu’à 40 ou 50 heures d’affilée.

 

En plus de la détermination du dispositif et de la recherche des indices d’une attaque éclair, les MML s’emploient à évaluer les effectifs des unités stationnées dans les zones qui leur sont interdites, leur moral, la nature et le type de leurs moyens de combat. Pour ce faire, ils parcourent systématiquement le terrain le long des ZIP, notant les signes tactiques et les immatriculations de tous les véhicules. Des tableaux de corrélation permettant de retrouver les unités d’appartenance des véhicules rencontrés ont été réalisés avec l’aide de moyens informatiques. Ils sont ainsi en mesure de reconstituer l’ordre de bataille des unités du GFSA. Les services spécialisés du GFSA ont pu déterminer que les missions utilisent parfois des matériels électroniques de repérage. C’était autrefois l’apanage des Américains mais les Français y ont eu également recours.

 

Tout ce qui vient d’être énoncé concernant l’activité subversive des missions militaires montre que, dans la situation internationale actuelle, leur importance s’accroit car, grâce aux possibilités légales dont elles bénéficient, elles récoltent une importante moisson de renseignements sur les troupes du GFSA et de la NVA, et que la tendance est à l’accroissement de leur efficacité ….

 

Erich MIELKE ne va jamais cesser de mettre la pression sur ses « Amis » pour durcir sans cesse la lutte commune contre les trois Missions Militaires Alliées de Potsdam et cela porte ses fruits...

Illustrés par des photographies, des extraits des comptes rendus de la Stasi sur les « espions en uniforme » qu’étaient les « missionnaires » démontrent à l’évidence le savoir-faire des «suiveurs », « coulots », « narks » ou « goons » selon les différentes terminologies françaises ou anglo-saxonnes utilisées pour les désigner. Ils avaient, au fil des ans, constitué un beau tableau de chasse des « missionnaires » photographiés … photographiant.

 

Et comme l’écrit dans son livre le général MANIFICAT :

« Ces comptes rendus de surveillance révèlent aussi l’étonnante proximité des “chasseurs” de la Stasi avec leurs proies. En fait, cela n’a rien de surprenant compte tenu de la familiarité de leur sujet que ces suiveurs finissaient par acquérir après plusieurs années de traque des “missionnaires”. Plus encore, il arrive à un suiveur, dans ses commentaires, d’apprécier en vrai professionnel le comportement de “missionnaires” observés longuement en action sur un point d’observation. Bien que les Missions de Potsdam aient mis en ligne d’excellents observateurs, pour beaucoup très expérimentés, ils ont pu être, comme bien d’autres, victimes de la routine qui fait baisser la vigilance et négliger les règles de sécurité. Ils ont aussi parfois sous-estimé les capacités de l’adversaire. Les anciens “Missionnaires” qui s’imaginaient encore qu’ils avaient toujours réussi à échapper à leurs suiveurs en ont été pour leurs frais lorsqu’ils ont pu accéder, vingt ans après, aux dossiers établis par la Stasi. Ce n’est pas parce qu’on ne les voyait pas qu’ils n’étaient pas là !

 

Le “métier de Seigneur”, comme disent les Allemands et les Britanniques à propos des hommes du renseignement, est bien celui pour lequel l’humilité est la première des vertus. Rien n’était jamais définitivement acquis. »

 

La Stasi va également mettre au point des techniques de blocage à l’encontre des trois MML. Dans un « dossier pédagogique » intitulé « MISSION » en date du 16 novembre 1983 un capitaine de la Stasi décrit les recettes pour réussir un blocage. Il y présente « les différents procédés tactico-méthodiques (sic) pour mener la lutte politico-opérative (resic) contre les activités ennemies des membres des trois missions militaires alliées afin d’assurer la sécurité des installations militaires du GFSA et de la NVA dans la zone de responsabilité et précise qu’une protection de meilleure qualité et plus efficace passe par de nouvelles méthodes de défense :

 

 

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 (Le 1er véhicule et sa remorque barrent la route tandis que le 2ème est prêt à démarrer. (Dossier d’exercice de la Stasi) À droite. Les 2e et 3e se mettent en barrage derrière la voiture de Mission. Les deux directions de fuite sont barrées par le dispositif de blocage. (Dossier d’exercice de la Stasi).

 

L’emplacement choisi ne doit permettre aucune échappatoire pour le véhicule. Comme l’expérience prouve que les missionnaires ne reculent devant aucune action brutale pour tenter de s’enfuir, il faut avoir recours à des techniques particulières. La portion de route doit être bordée de fossés ou de haies infranchissables. Si nécessaire, il faut réaliser des obstacles artificiels. Après blocage, il ne faut laisser aucune possibilité de manœuvre au véhicule. Percussion : on a recours à cette forme offensive de défense (sic !) lorsque les conditions ne sont pas réalisées pour une arrestation ou un blocage en souplesse.

 

Malheureusement, la collision volontaire deviendra le mode opératoire « normal » de la Stasi sans se préoccuper des risques de provoquer des blessures ou la mort. La violence sera ainsi institutionnalisée !

 

Et, c’est ainsi qu’il y a 40 ans, l’Adc Philippe MARIOTTI fut tué à Halle-Lettin, dans une embuscade montée conformément au dossier « MISSION » élaboré par un Capitaine de la Stasi…

 

 

 

 

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Le 6 avril 1984, quelques jours après ce drame, le Général de division SCHUBERT, chef de la Division principale VIII chargée de la lutte contre les Missions, s’adresse au vice-ministre du MfS, le camarade Général de corps d’armée NEIBERT pour dégager les enseignements du blocage mortel et fixer les mesures à prendre, non pas tellement pour éviter de nouveaux morts, mais surtout pour échapper à toute rétorsion alliée contre les missions de liaison soviétiques en RFA. Préparer soigneusement de telles opérations et ne les mettre à exécution que là où des conséquences telles celles survenues le 22 mars 1984 puissent être très vraisemblablement exclues.

 

Au cas où des opérations de protection commune d’objectifs militaires d’une haute importance politico-militaire seraient prévues en liaison avec le GFSA, elles sont à exécuter en prenant en compte ces orientations; s’assurer, par une instruction appropriée que les mesures prises contre les membres des Missions militaires n’aient pas des conséquences telles que lors de l’incident mentionné, qui pourraient créer de sérieuses difficultés aux membres des missions militaires de liaison soviétiques en RFA et détériorer les relations de l’URSS et de la RDA avec les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France.  Les précautions étant prises, il ne faut rien laisser passer et faire en sorte que les Missions de Liaison ne se sentent jamais en sécurité.

 

Pour le général Schubert, les missions militaires n’ont pas ralenti leurs activités après l’incident mortel du 22 mars, elles les intensifient « quel qu’en soit le prix ».

 

Cependant, malgré toute la haine de MIELKE envers les trois Missions Militaires Alliées de Potsdam il restait un gros caillou dans les bottes de la Stasi : Les Pancartes anti-missions…

 

En effet, problème et pas des moindres pour les Allemands de l’Est qui ont voulu protéger leurs installations militaires par des pancartes en quatre langues interdisant aux missions militaires d’emprunter les routes et les chemins menant à ces objectifs. Ces pancartes n’ont le plus souvent rien à voir avec les zones d’interdiction permanentes ou temporaires prescrites par les Soviétiques, conformément aux accords bilatéraux à l’origine des missions de liaison. Se référant à ces seuls accords, les trois Missions Alliées ne reconnaissent pas ces pancartes et par conséquent, elles ne les respectent pas et les franchissent comme si de rien n’était. Ce qui n’est pas du goût des autorités est-allemandes, pas plus que des militaires soviétiques.

 

Effectivement, les « Missionnaires » ne respectaient pas du tout les pancartes anti-missions qui ne correspondaient pas aux accords de 1947 signés avec les seuls Soviétiques, cependant ils avaient beau les arracher, elles « repoussaient » toujours et, au moment de la chute du Mur, leur nombre était estimé à 50 000.

 

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(Souvent afin de limiter les conséquences d’un « incident » derrière pancarte des « missions de dépancartage étaient programmées. Dans un article du Blog publié il y a quelques années j’ai décrit l’une de ces missions « Missions dépancartage ! »)

 

 

L’objectif de MIELKE de contrer les trois Missions Militaires Alliées de Postdam et souhaitant une forte coopération entre ses unités de la Stasi et les unités spéciales du KGB et du GRU des forces soviétiques du GFSA se concrétisait lors de certains blocages d’équipage de Missionnaires.

Dans le chapitre « Stasi et Spetsnaz en action contre les Missions » de son livre « Le pont des Espions », le Général MANIFICAT évoque cette coopération qui fut parfois fructueuse…au détriment des équipages de « Missionnaires » …

 

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Et le Général Manificat écrit en introduction de ce chapitre:

 

       « La longue expérience acquise par la Stasi avait conduit à l’établissement d’une véritable doctrine d’emploi et d’entraînement pour le montage d’opérations combinées soviéto-allemandes pour le blocage des voitures des Missions. En dépit du charabia technico-politico-opératif, force est de reconnaître la qualité de l’esprit méthodique des gens de la Stasi. Au fil des ans, les emplacements d’observation favorables utilisés par les trois Missions avaient fini par être connus de leurs adversaires car ils n’étaient pas multipliables à l’infini. Certaines observations, celles des aérodromes et des champs de tir en particulier, se faisaient dans la durée et les « missionnaires » étaient parfois statiques. À l’extérieur de leur véhicule, assourdis par le bruit des aéronefs ou des blindés et l’attention accaparée vers le ciel ou les pistes à chars, ils devenaient inévitablement vulnérables. Malgré le troisième homme de l’équipage chargé de la sécurité, les suiveurs et les Spetsnaz bénéficiaient de conditions idéales pour s’approcher discrètement de leur proie. À cela s’ajoutaient le poids de la routine entraînant la baisse de la vigilance et la coupable négligence des mesures de sécurité qui étaient toujours contraignantes, donc fastidieuses à observer rigoureusement. Et cela valait quelle que soit la nationalité de l’équipage ».

 

 À cet égard, on peut citer le cas d’un équipage américain surpris en 1971 par des spetsnaz alors qu’il était perché sur un arbre en observation de l’activité du terrain d’aviation de Juterborg, ou encore l’année suivante, un équipage britannique capturé sur un poste d’observation du terrain de Welzow. Dans les deux cas, tout le matériel avait été saisi et l’équipage déclaré PNG (Persona non grata) et expulsé. En 1987, un équipage d’USMLM a été surpris sur un point d’observation du champ de tir air-sol de Gadow-Rossow par des spetsnaz et des membres de la Stasi. Ayant réussi à s’enfermer dans la voiture et à démarrer, l’équipage aveuglé par une couverture jetée sur le pare-brise n’a pu s’échapper. Les soldats soviétiques ont alors crevé les pneus du véhicule et forcé les portes pour en extraire manu militari les « missionnaires » et saisir tout leur matériel.

 

Et pour ma part en 1970 lors mon premier séjour à la MMFL, l’équipage dans lequel j’étais jeune photographe-observateur, fut probablement victime de cette coopération. Mésaventure que j’ai également décrit dans un autre de mes articles publiés il y a quelques années dans le Blog : « Ma première expérience avec les Spetsnaz ». Heureusement pour nous ce blocage resta au niveau « d’un incident classique » et l’intégrité de l’équipage, des équipements et du véhicule fut respectée. Mais je puis vous assurer que durant toutes les autres années de mes deux séjours à la MMFL, passées sur le terrain, ma vigilance était extrême et sans cesse tous mes sens en éveil…y compris l’olfactif…car l’odeur particulière des essences soviétiques ou est-allemandes étaient très caractéristiques. Odeur qui parfois en « plein bois » permettait aux missionnaires de détecter une « présence non-amie » … que de rappels et de souvenirs !

 

 (A lire aussi dans l’épisode 3 de la Komendatoura de Potsdam publié récemment dans le Blog, le Commandant LEGENDRE permet au lecteur de partager quelques souvenirs de vie en RDA dont l’évocation de l’odeur particulière de l’essence, le « MINOL »).

 

 

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En conclusion de cet épisode et cet article, rien de mieux que de reprendre des écrits des Généraux Jean-Paul HUET et Patrick MANIFICAT :

 

……Enfin, au détour d’une phrase ambiguë se référant à la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques, il semble que la position des Soviétiques sur cette question était-elle même ambiguë. En effet, on ne peut déterminer si les Soviétiques considéraient bien le statut des Missions comme relevant de cette convention. Les chefs des Missions soviétiques en RFA ne devaient pas manquer à l’occasion de faire valoir auprès des autorités alliées et allemandes que leur statut relevait bien de la Convention de Vienne. Mais à l’Est, les incidents au cours desquels des voitures étaient forcées et fouillées sans que le commandement soviétique ne sanctionne ces violations de l’immunité des « missionnaires », jetaient un doute sur la conviction du GFSA d’assimiler le statut des Missions à celui des représentations diplomatiques (il est vrai d’un genre plutôt particulier et inhabituel pour un vrai diplomate !).

 

Toujours est-il que cette analyse aussi exacte et pertinente du travail des Missions faite par l’ennemi potentiel a surpris plus d’un ancien missionnaire lorsqu’il a pu en prendre connaissance des années après la chute du Mur grâce à l’ouverture des archives de la Stasi… Cependant, à la lecture de ces comptes rendus de surveillance et de blocages, et de ces bilans établis par l’adversaire, on pourrait penser que les équipages ont été sans cesse neutralisés. Il n’en fut rien.

 

Les « suiveurs », souvent efficaces, parfois très habiles, ne sont cependant jamais parvenus à réduire de façon significative les capacités d’action des Missions, même s’ils ont pu monter quelques embuscades pour surprendre des équipages en pleine action et réussir à compliquer la tâche quotidienne des missionnaires. Mais ceux-ci se sont constamment adaptés aux conditions du moment et ont réussi, dans la très grande majorité des cas, à déjouer la surveillance et à mener à bien leurs missions en ramenant à bon port les renseignements recueillis en passant par le « Pont de l’Unité ». Ils ont même à plusieurs reprises forcé les barrages et échappé aux embuscades mais, curieusement, aucun compte-rendu de la Stasi n’en fait mention.

 

Pour ma part je conclurais que malgré sa hargne à l’encontre des trois Missions Militaires Alliées de Potsdam, Erick MIELKE, a heureusement, échoué dans sa volonté de leur neutralisation.  Et nous, anciens « Missionnaires » des trois Missions Alliées de Potsdam pouvons être fiers de l’avoir fait échouer.

 

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Nous pouvons être heureux d’avoir pu exercer un si beau et passionnant métier et fier d’avoir contribué à ce que « la Guerre froide ne devienne Guerre chaude ».

 

Amis de notre Blog de L’AAMMFL (Amicale des Anciens de la MMFL), n’hésitez pas à consulter et à relire l’ensemble de nos articles. Faites aussi connaitre notre Blog. Vous y lirez ou relirez de passionnants moments. Au fil des semaines des semaines de nouveaux articles paraitront.

Merci à toutes nos lectrices et lecteurs.

 



15/05/2024
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