Gromyko et la MMFL
Les années ont passé et les anciens membres de la MMFL se risquent à replacer les incidents survenus dans un contexte plus général. C’est à cet exercice que se livre le colonel
Gromyko et la MMFL
Andreï Gromyko en 1972
Par Francis Demay
Le blocage (1) de l’équipage du commandant Jean-Claude Gaultier (AIR) au printemps 1980, sur le site de Pritzwalk, a très vraisemblablement été une action exécutée à la demande de l’EMG à Moscou. En effet, il a eu des conséquences diplomatiques moins de deux mois après, lors d’une visite à Paris du Ministre des Affaires étrangères Andreï GROMYKO. Ce vieux routier de la diplomatie soviétique a exercé cette fonction plus de 28 ans, entre 1957 et 1985 ; il était déjà présent à la conférence de Yalta, puis à celle de Potsdam, au Château de Cecilienhof. Cette dernière, avant même la fin de la guerre avec la capitulation du Japon, a consacré la partition de l’Allemagne en 4 zones d’occupation par les vainqueurs de la guerre : France, Etats-Unis, Grande Bretagne et Union Soviétique ; et le partage de Berlin en 4 secteurs également. L’idée, voire la nécessité, de missions de liaison entre “les vainqueurs” est apparue lors de ces deux conférences.
un blocage (photo kommandatura)
Mais revenons au printemps 1980, quand Gromyko débarque au quai d’Orsay, accueilli par son homologue français, celui-ci balance un dossier de photos sur la table en disant : “On ne peut pas faire confiance à la France”. Et les photos sont celles de l’incident de Pritzwalk, prises par les Soviétiques sur le terrain, avec notamment tout le matériel de l’équipage pour acquérir et/ou enregistrer des informations. Vive émotion au Quai qui semble, ou feint d’ignorer tout de cet incident. La cascade des interrogations descend de Paris vers le Gouvernement Militaire Français de Berlin, l’Etat-major du Commandant du Secteur Français de Berlin et, bien sûr, la MMFL. Le chef de la MMFL, un peu inquiet et ému sur le coup, est vite rassuré : les messages et le compte-rendu de l’incident ont bien été envoyés aux bons destinataires tant à Berlin qu’à Baden-Oos (EM/CCFFA), et à Paris (EM/Bureau Renseignement.).
En définitive, la MMFL ne saura jamais où s’est produite la rupture dans la chaine de remontée des informations. Sauf à penser que notre Ministre des Affaires Etrangères ait voulu gagner du temps, devant Gromyko;(2) mon sentiment, très personnel, est qu’il y a peut-être eu un couac entre la Dipo (direction politique) du GMF à Berlin et le MAE à Paris ?
Francis DEMAY
(1) Note de la rédaction. Blocage: terme employé au sein des Missions de Potsdam pour indiquer toutes les actions (certaines violentes) à l'encontre des équipages des Missions Alliées afin de stopper leur mouvement. Certains blocages étaient inopinés d'autres prémédités et organisés par les Services spéciaux de contre-espionnage. Cela débouchait le plus souvent sur une détention plus ou moins longue dans le véhicule jusqu'à l'arrivée des autorités soviétiques chargées de régler l'incident. (R.Pi)
(2) Note de la rédaction: Gromyko (surnommé monsieur niet) est venu en France de très nombreuses fois durant ses 28 ans à la tête du ministère des affaires étrangères de l'URSS, du au et notamment, il est reçu par Giscard d'Estaing le 24 avril 1980, puis il est de nouveau à l'Elysée en septembre 1983. Le 2 octobre 1985 Gorbatchev vient en France, il lui a déjà retiré sa confiance Gromyko a quitté ses fonction en juillet 1985. le prédécesseur de Gromyko était Dmitri Chepilov, son successeur fut Edouard Chevardnadze. (R;Pi)
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