La Propagande en RDA.
Par Patrick Manificat
Malgré l’impulsion donnée par une partie de l’intelligentsia occidentale acquise par principe aux bienfaits du socialisme rayonnant, peu de missionnaires se sont laissés influencer par la propagande omniprésente en DDR, qu’elle soit le fait de l’homo sovieticus ou de l’homo democraticus. Du moins pour ses résultats économiques ou écologiques, car il suffisait de traverser la zone industrielle de Halle ou le bassin minier de Cottbus pour avoir une idée de l’énormité de la pollution et de la vétusté de l’appareil industriel. Quant au panier de la ménagère, un petit tour au Konsum ou aux économats soviétiques de Potsdam permettait de constater instantanément l’étendue et la profondeur du véritable gouffre qui les séparait du grand magasin KDW de Berlin-ouest ou du PX du secteur américain.
Au plan militaire, à cause de l’espèce de fascination qui entourait souvent les forces du Pacte de Varsovie, il a pu arriver que certains de nos observateurs prêtent au GFSA ou à
Les idées abordées étaient particulièrement simples, l’efficacité étant avant tout recherchée dans la simplification abusive et l’affirmation catégorique. Le dogmatisme doctrinaire apportait ainsi les certitudes nécessaires pour rassurer le soldat ou le citoyen, qu’ils proviennent du Caucase ou de la Saxe. Cette avalanche de pancartes visait à inculquer d’abord une définition nette des camps en présence : par définition, le capitalisme et le socialisme étaient inconciliables. Ce dernier était le camp du bien, celui-là le camp du mal. La propagande s’efforçait donc d’identifier le socialisme au progrès, au succès, à la paix et les héros – soldats, ouvriers ou paysans – au parti. Il s’agissait ensuite de cultiver la foi dans la victoire du socialisme en dénonçant constamment la nature agressive du capitalisme. On proclamait ainsi bien haut la théorie des guerres justes et injustes pour indiquer très clairement de quel côté était le bon droit et par conséquent où devait aller la victoire. Pour ancrer ce sentiment, la propagande dénonçait enfin le caractère antinational des armées ou des entreprises capitalistes, les buts criminels que menaient leurs dirigeants, la nature dépravée et asociale de ses soldats et de ses ouvriers. Le tout était enrobé de colombes (la Paix), de barbus (Marx, Engels et Lénine), d’ouvriers et de soldats casqués, de graphiques himalayens et de slogans illustrés et simplistes, de telle sorte que, même dépourvu de certificats de langue russe ou allemande, l’observateur ancien finissait par comprendre.
Sans percer tous les mystères de ce revêtement idéologique sans précédent, tel était l’arsenal de propagande qui environnait le missionnaire. Aujourd’hui, le dessin amuse, la phraséologie fait sourire, mais ce sont bien ces slogans qui ont conditionné toute une population, son armée et celle du « grand frère d’armes » pendant plusieurs dizaines d’années.
Patrick Manificat
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