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Les sergents de Potsdam

 

Les sergents de Potsdam

   

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Venus renforcer les rangs de la MMFL, ils furent 91 provenant du 13ème RDP à partir de 1975 et 15 du 1er RPIMa à partir de 1985

 

 

 

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Qu’on les appelle sergent, maréchal-des-logis, brigadier-chef ou caporal-chef, qu’ils proviennent du 13ème Régiment de Dragons Parachutistes ou du 1er Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine, et que leurs galons soient d’or ou bien d’argent, c’étaient toujours « les sergents de Potsdam ».

 

Détachés à la Mission pour une durée moyenne de quatre mois, ils partageaient leur temps entre la villa du gérant, où ils secondaient ce dernier dans les indispensables tâches de soutien, et les missions opérationnelles auxquelles ils participaient comme conducteurs.

 

L’administration et la vie courante des villas de Potsdam ne se traduisaient pas toujours par des activités très exaltantes mais elles permettaient à ces jeunes cadres d’acquérir une expérience unique de l’existence derrière le Rideau de Fer. Côtoyant pendant des semaines une société militarisée, surveillés quotidiennement par tout ce que Potsdam comptait de Vopos et de fonctionnaires de la Stasi, ayant à s’occuper d’une bonne dizaine d’employés contrôlés à la fois par les Soviétiques et la Stasi, et étant souvent en contact avec les cadres de la Section soviétique des Relations Extérieures (SRE), il leur suffisait d’ouvrir tout grand leurs yeux et leurs oreilles pour faire de rapides progrès en matière de discrétion, de sécurité, d’observation et, bien sûr, d’identification, qu’il s’agisse des uniformes ou des matériels du GFSA comme de la NVA.

 

Dans ce dernier domaine, les missions opérationnelles à travers tout le territoire de la RDA constituaient le fait marquant de leur séjour et la véritable raison de leur présence.

 

Pourtant, les toutes premières missions n’ont pas du leur laisser que d’excellents souvenirs. Car il leur fallait d’abord maîtriser la conduite des très nombreux chevaux du puissant véhicule. Conduire avec souplesse une voiture de grosse cylindrée comme la Mercedes ne s’apprend pas plus à Saint-Maixent qu’à Saumur. Et puis, la technique est une chose, mais la tactique en est une autre. Il s’agissait aussi de savoir croiser un convoi militaire à la bonne allure, tout en anticipant sur tout ce qui pouvait survenir, d’arriver à se poster à défilement d’observation au bon endroit face à un objectif, d’être toujours prêt à faire demi-tour ou bien à faire machine arrière. Sans parler du cauchemar de la nuit, avec tous ces interrupteurs qu’il fallait trouver sans les voir et sans se tromper : couper les feux de stop, ouvrir la portière sans que le plafonnier ne s’allume, rouler tous feux éteints avec ou sans appareils de vision nocturne. A l’arrêt, penser au plein d’essence, aux vérifications, aux photographes en nettoyant le pare-brise. Obéir sans discuter à la moindre injonction de l’observateur ou du chef d’équipage : Ralentissez, accélérez, première à droite, 90 gauche, stop, démarrez, attention, les suiveurs… Rester tout seul à bord pendant que l’équipage reconnaît l’objectif, assurer leur sécurité en faisant le guet, en écoutant, en observant, sans s’assoupir, aller les récupérer rapidement en cas d’incident. Eviter les trous d’eau dans les pistes à char, franchir un fossé, rouler sur la neige, le verglas, dans la boue, éviter un blocage. Changer une roue rapidement en zone d’insécurité, sortir le treuil, manier la masse…

 

Posséder à la fois toutes les qualités du voltigeur de pointe flairant l’embuscade et du pilote d’engin blindé se postant à défilement, du conducteur de rallye sans l’inconscience du cascadeur, du mécanicien de Formule 1 changeant les roues en 7 secondes. Et tout cela en se faisant traiter de nombreux noms d’oiseaux, surtout durant les premiers temps, par le chef d’équipage, par l’observateur et, au retour, en prime, par le chef de garage…

 

Exigeante la MMFL ? Quand des jeunes parachutistes ont pour devises « Au-delà du possible » et « Qui ose gagne », on peut leur demander beaucoup. On leur confiait nos vies à ces jeunes sergents, il fallait bien que le métier rentre ! Et le métier rentrait…si bien qu’on les voyait partir avec regret quatre mois après…

 

 

 

Patrick Manificat

 

 

 

 

 



09/02/2019
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